Tenby 1940 – the true story published in Militaria Belgica 2021
Much has been written about the way in which General van Strydonck de Burkel in Temby (GB) began to reorganize the Belgian armed forces. From 28 May 1940, the very day of the Belgian capitulation, he set up a Belgian Military Regrouping Camp there. The ultimate goal was to have the Belgians take part in the liberation of 1944-45 on the side of the victors.
Some argued that the retired general was in England merely by chance… to buy horses. The image of the general, who brilliantly led Burkel's cavalry charge in 1918, did indeed lend itself to this legend of the “Generaal Koopman”. In this article we show that the general has already been ordered to reorganize the troops in France. He escaped a German machine gun attack north of Abbeville and was able to escape to London. Ambassador Emile de Cartier de Marchienne took advantage of a flash visit from Minister of National Defense Henri Denis to continue Van Strydonck's assignment in Great Britain.
He worked practically on his own for five months until the government settled in London and appointed him commander-in-chief in October 1940. His patient work led to the establishment of a well-trained and equipped battle group. From 1942 it was led by young active officers, the most famous of which is certainly Jean-Baptiste Piron.
Google translation from the Dutch version
Er is veel geschreven over de manier waarop generaal van Strydonck de Burkel in Temby (GB) de Belgische strijdkrachten begon te reorganiseren. Vanaf 28 mei 1940, de dag zelf van de Belgische capitulatie, richtte hij er een Belgisch Militair Hergroeperingskamp in. Het uiteindelijke doel was de Belgen aan de kant van de overwinnaars te laten deelnemen aan de bevrijding van 1944-45.
Sommigen stelden dat de generaal op rust louter toevallig in Engeland was… om er paarden te kopen. Het imago van de generaal, die in 1918 op briljante wijze de cavaleriecharge van Burkel leidde, leende zich inderdaad wel tot deze legende van de “Generaal Koopman”. In dit artikel tonen we dat de generaal de opdracht voor reorganisatie van de troepen al kreeg in Frankrijk. Hij ontkwam aan een mitralleuraanval van de Duitsers ten noorden van Abbeville en kon ontsnappen naar Londen. Ambassadeur Emile de Cartier de Marchienne maakte gebruik van een blitsbezoek van minister van Landsverdediging Henri Denis om de opdracht van van Strydonck verder te zetten in Groot-Brittanië.
Vijf maanden werkte hij praktisch op eigen houtje, tot de regering zich in Londen geïnstalleerd had en hem in oktober 1940 benoemde als generaal opperbevelhebber. Zijn geduldig werk leidde tot de oprichting van een goed getrainde en uitgeruste gevechtsgroep. Vanaf 1942 kreeg die de leiding van jonge actieve officieren waarvan de meestbekende zeker Jean-Baptiste Piron is.
On a beaucoup écrit sur la manière dont le général van Strydonck de Burkel à Temby (GB) a commencé à réorganiser les forces armées belges. A partir du 28 mai 1940, jour même de la capitulation belge, il y établit un camp de regroupement militaire belge. Le but ultime était de faire participer les Belges à la libération de 1944-45 aux côtés des vainqueurs.
Certains ont fait valoir que le général à la retraite était en Angleterre simplement par hasard… pour acheter des chevaux. L'image du général, qui mena avec brio la charge de cavalerie de Burkel en 1918, se prêtait bien à cette légende du « General Koopman ». Dans cet article, nous montrons que le général a déjà reçu l'ordre de réorganiser les troupes en France. Il a échappé à une attaque à la mitrailleuse allemande au nord d'Abbeville et a pu s'échapper à Londres. L'ambassadeur Emile de Cartier de Marchienne a profité d'une visite éclair du ministre de la Défense nationale Henri Denis pour poursuivre la mission de Van Strydonck en Grande-Bretagne.
Pendant cinq mois, il travailla pratiquement seul jusqu'à ce que le gouvernement s'installe à Londres et le nomme commandant en chef en octobre 1940. Son travail patient a mené à la création d'un groupement tactique bien entraîné et équipé. A partir de 1942, elle est dirigée par de jeunes officiers d'active, dont le plus célèbre est certainement Jean-Baptiste Piron.
Traduction Google de la version néerlandaise
Militaria Belgica 2021
A publication of the Royal Society of Friends of the Army Museum
(Société royale des Amis du Musée de l’Armée) – Brussels
Original article (in French) with a summary (in Dutch).
Autor: Patrice-Emmanuel Schmitz
Tenby mai 1940 – La mission du Général van Strydonck de Burkel
Maints historiens et mémorialistes ont narré l’entreprise de créer à Tenby, dès le 25 mai 1940 (soit trois jours avant la capitulation de l’armée belge) un Camp Militaire Belge de Regroupement (CMBR) qui allait donner naissance à la reconstruction des forces militaires belges en Grande-Bretagne et aboutir deux ans plus tard à la création du fameux 1st Belgian Group, mieux connu sous le nom de « Brigade Piron » qui s’illustra en 1944 lors de la libération de la Belgique. Tous s’accordent pour en créditer entièrement le général Victor van Strydonck1 de Burkel, sans donner beaucoup de raisons sur les circonstances exactes et le pourquoi de cette mission ou, à défaut de mission, de cette initiative personnelle. On jette ici un regard nouveau sur ces circonstances qui, contrairement à ce que l’on a souvent prétendu, n’étaient pas si fortuites.
Au départ du présent article, une « fake news » ?
Un historien s’est un jour fait l’écho2 d’une histoire qui fera florès et qui, vu son originalité et malgré son caractère fantaisiste sera reprise comme telle par nombre de ses collègues3. « Le 28 mai, écrit-il, un certain nombre de soldats belges avaient déjà atteint la Grande-Bretagne. Le lieutenant général Victor van Strydonck de Burkel, qui avait été tiré de sa retraite, était arrivé le 15 mai 1940, à la tête d’une commission, dans le but d’acquérir des chevaux dans le pays ». On imagine donc avec un sourire le vieux général battant la campagne anglaise pour rassembler les chevaux qui lui permettront, d’une charge victorieuse, de repousser les blindés allemands au-delà du canal Albert… Puis, dit-on, il se retrouva bien malgré lui (sans doute du simple fait qu’il était le plus haut gradé présent) en charge de regrouper nos forces.
C’est peut-être du plus haut comique, mais c’est – de toute évidence – un peu léger et tellement invraisemblable que cela nous a donné envie d’en savoir un peu plus.
Qui était van Strydonck ?
Rappelons tout d’abord qui était Victor van Strydonck. Il est né le 16 juillet 1876. Entré fort jeune à 17 ans à l’École militaire (le 15 novembre 1893, avec la 44e promotion Infanterie-Cavalerie) il fut nommé sous-lieutenant le 30 novembre 1895. Après un stage à l’infanterie et à l’école d’équitation, il fera la plus grande partie de sa carrière d’officier subalterne et supérieur au 1er régiment de Guides. Il a déjà 38 ans lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Cela ne l’empêche pas de combattre au front durant toute la guerre. Promu major le 30 juin 1917, il s’illustre le 19 octobre 1918, lors de l’offensive libératrice, à la fameuse journée de Burkel. La citation du 6 mai 1919 mentionne « le courage et le dévouement dont il a mené, à la tête de son groupe, l’héroïque charge de cavalerie de Burkel au travers de plusieurs lignes de mitrailleuses, et pour le sang-froid et l’énergie qu’il a montrés dans l’exploitation du succès »4. Ce fut alors le dernier combat remporté par une charge de cavalerie, en Europe occidentale à tout le moins5. Pour cet exploit, il obtint en 1937 d’adjoindre à son nom la mention « de Burkel » et reçut le titre de chevalier (c’est plus tard, en 1956, qu’il sera nommé baron pour son action durant la Seconde Guerre mondiale6 en plus de très nombreuses distinctions et la citoyenneté d’honneur de la ville de Tenby).
Durant l’entre-deux-guerres, van Strydonck commande l’école de cavalerie (1920-1923) et la première division de cavalerie (1928-1933). Promu lieutenant général le 26 septembre 1933, il est désigné pour commander et motoriser le Corps de cavalerie et être inspecteur général de la Gendarmerie. « Ayant atteint la limite d’âge (il a alors 62 ans) et étant passé dans le cadre de réserve le 1er octobre 1938, il continue à assumer plusieurs fonctions et reprend du service actif à la mobilisation, le 1er septembre 1939. Il est alors nommé commandant de la 1re Circonscription militaire »7.
Le choc de l’invasion
Que se passe-t-il alors en 1940 et plus spécialement entre le 10 et le 25 mai ? Au début de l’offensive, on retrouve le général van Strydonck à l’État-Major (à Bruxelles), où l’on tente de coordonner les efforts belges, français et britanniques. C’est loin d’être un vieillard : il a 63 ans au moment des faits. On le décrira souvent comme un vieux général, mais peut-être était-ce dû à un certain embonpoint qui le faisait paraitre plus âgé qu’en réalité. Il n’est en tous cas pas soudainement « tiré de sa retraite » comme on l’a hâtivement laissé entendre, mais il a repris du service dès la mobilisation de septembre 1939 et cela fait huit mois qu’il est en poste. Le 13 mai, Pierre d’Ydewalle, alors chef de cabinet du Premier ministre Pierlot, le rencontre sur le coup de 15h30 afin d’essayer d’obtenir des informations sur le mouvement des troupes britanniques dans la « ville ouverte » qu’était Bruxelles. On voit bien à l’époque la confusion qui régnait, personne ne sachant exactement quelles troupes faisaient mouvement, et dans quelle direction8.
Dès le lendemain 14 mai, les choses deviennent plus claires : le centre de gravité de l’offensive allemande se dévoile là où nul ne l’attendait : au débouché de l’Ardenne, à Sedan, une charnière du dispositif français où il était le moins garni. Le général français Billotte, fraîchement chargé, deux jours plus tôt, du commandement unique des forces françaises, britanniques et belges informe clairement le Roi et son État-Major : « Les Allemands ont préparé un outil pour gagner cette guerre. Cet outil, nous ne l’avons pas. C’est l’action combinée des chars et de l’aviation d’appui en piqué ».9 On est donc, du côté belge, parfaitement informé de ce qui pose problème et de ce qui manque cruellement, c’est-à-dire des unités blindées coordonnant leur action grâce à l’usage généralisé des radios, appuyées en cas de résistance par l’aviation10.
Dans la soirée du même 14 mai, le général Galet, qui est l’officier de liaison belge auprès du général Gamelin, télégraphie à l’État-Major depuis Vincennes : « Le véritable point d’attaque des Allemands paraît se trouver à la jonction des 9e et 2e armées françaises, vers Sedan, avec l’intention de tourner tout le dispositif allié, belge et hollandais au nord de ce point »11.
Dès ce moment, le Roi et son État-Major savent parfaitement que la bataille est perdue, et surtout, ils savent pourquoi : dès le 15 mai, le Roi expose la situation à un Pierlot incrédule en lui montrant sur la carte l’emplacement du Pas de Calais et commente : « Ils arriveront là-bas avant huit jours »12. Au petit matin du même 15 mai, le président du Conseil français, Paul Reynaud, a déjà téléphoné à Churchill : « Nous sommes battus ; nous avons perdu la bataille »13.
Commence alors le repli militaire (forcé par la déroute des Français et par leurs propres décisions stratégiques) sur le canal de Willebroek, la Dendre et puis Gand sur la Lys. Du côté civil, c’est la panique et la sidération. On peine à comprendre la situation : le gouvernement et ses services quittent Bruxelles le 16 mai pour s’établir à Ostende d’abord, puis en France dès le 19, mais les ministres n’ont pas du tout la même compréhension des réalités militaires et jusqu’à la dernière minute, ils ne voudront pas réaliser l’ampleur de la défaite. Quand quatre d’entre eux, restés à Ostende, trouveront finalement le Roi à Wynendaele le 25 mai, ce sera pour essayer de le séparer de son armée encerclée, convaincus que la situation pourrait encore être redressée en France, comme en 191414.
Que faisait van Strydonck ?
C’est dans ce contexte que dès le 16 mai 1940 à 14h, certainement bien au courant de la situation militaire désespérée et des causes matérielles de la défaite alliée, le général van Strydonck donne l’ordre d’évacuer Bruxelles, pour se rendre à Audenarde où il reste jusqu’au 18. Le 19 mai il se rend à Aartrijke pour recevoir des instructions du ministre de la Défense Henri Denis, et reçoit alors un ordre de mission. Il ne s’agit donc pas d’un coup de tête ou d’une initiative personnelle plus ou moins farfelue, puisque toutes les sources confirment qu’il est à la tête d’une commission composée d’officiers de l’État-Major de la 1re Circonscription Militaire. C’est donc bien d’une mission en bonne et due forme qu’il s’agit. Quelle en est la teneur ?
La fable que l’on a racontée « être tiré de sa retraite pour aller le 15 mai acquérir des chevaux en Angleterre » tient évidemment de la pure plaisanterie. On pourrait même croire à de la désinformation destinée à tromper la fameuse cinquième colonne (il est vrai que les 15 et 16 mai, à Bruxelles, on croit voir des espions et des parachutistes partout, on va jusqu’à tirailler sur les toits). En vérité, il n’était pas possible de croire à ce canard, même si le jeune Wanty, qui semble en être la première source et avait pour le général beaucoup d’estime15, a pu le gober de bonne foi car il n’était arrivé à Tenby que fin juin et le « bleu » qu’il était alors dans le microcosme belge le rendait réceptif à cette légende du « Generaal Koopman ». Comme nous l’avons vu, on savait fort bien à l’État-Major que ce qu’il fallait pour résister était, non des chevaux de trait ou de cavalerie, mais des unités blindées mobiles appuyées par une aviation tactique. Cet armement moderne demandant une formation approfondie du personnel militaire était bien sûr totalement impossible à obtenir d’urgence en mai 1940 (et de fait, il nous a fallu attendre jusqu’au débarquement du 6 juin 1944 pour le voir à l’œuvre en France, puis en Belgique).
En réalité, l’ordre donné par la Défense est de se rendre à Lille avec deux officiers (le commandant Pascal Maka et le capitaine Achille Géhénot) et deux voitures, afin de mieux organiser un regroupement du plus grand nombre possible de forces belges dans le nord de la France et de les mener dans le centre de ce pays afin de reconstituer à terme et maintenir une solide force belge parmi les alliés. Quittant Aartrijke le 19 mai à 14h, il faut trois heures aux officiers pour arriver à Lille où ils trouvent les Français en pleine déroute. La nuit même, cette ville où ils logent tant bien que mal est bombardée et devra être évacuée dès le lendemain. Le matin du 20 mai, le petit groupe tente de retourner au QG de Flandre-Occidentale, mais ce n’est plus possible. Le général et ses officiers sont pris au piège avec une colonne de l’armée française allant vers Dunkerque et Calais. Ils ne peuvent plus rallier les troupes belges dans le nord, ni se déplacer vers le centre de la France à cause des Allemands qui les contournent, déjà parvenus plus au sud à Abbeville. Courageusement, un officier français vient proposer aux Belges de placer leurs véhicules en tête de colonne, juste derrière un blindé léger. «Nous chercherions à forcer le passage. Accepté.», note le général dans son « log book »16. Mais la colonne ainsi formée ne tarde pas à essuyer le feu de l’ennemi. Le blindé français répond quelque peu, puis plus rien. Restent les voitures des officiers belges qui sont mitraillées et incendiées avec tous leurs bagages, mais ils sont saufs car au dernier moment et sous les balles, ils ont pu les évacuer à pied. Pour déjouer les bombardements et éviter la capture, c’est toute la nuit du 20 au 21 qu’ils marchent jusqu’à Montreuil-sur-Mer. Le matin à 7h ils partent pour Boulogne où ils cherchent un bateau. Ce 22 mai, constate le général (on est alors six jours avant la capitulation belge), « le BEF (British Expeditionary Force) rembarque. Les Anglais abandonnent tout. Ils prennent seulement les hommes. » Après plusieurs refus, on les embarque enfin pour Douvres le 22 mai à 16h50 et c’est le 23 au matin vers 11h (et non le 15 mai) qu’ils arrivent à Londres pour se rendre aussitôt à l’ambassade tenue depuis 1927 par Émile de Cartier de Marchienne. Van Strydonck et Cartier se connaissent de longue date et s’estiment. Le premier a déjà fait partie en 1934 d’une mission belge à Londres pour annoncer le couronnement de Léopold, suite au décès d’Albert 1er. Le général peut donc communiquer à l’ambassadeur des informations de première main, tant sur la déroute des Français que sur le fait que les Britanniques abandonnent déjà le continent.
Alors qu’ils discutent les possibilités d’un sursaut belge et que Cartier voit dans l’arrivée de son hôte un moyen de l’initier en Grande-Bretagne, un coup de théâtre inespéré se produit : voici que passent brièvement à Londres le Premier ministre Pierlot et trois de ses collègues : Spaak (Affaires étrangères), Vanderpoorten (Intérieur) et surtout Henri Denis (Défense). Nous sommes le 25 mai et les quatre ministres sortent tout juste de cette fameuse « entrevue » ou « drame » de Wynendaele qui vit la rupture entre le Roi Léopold III et ses ministres. Comment sont-ils arrivés là ?
Le drame de Wynendaele
Rappelons qu’à cette époque, les ministres n’envisageaient sérieusement que l’hypothèse d’une résistance finalement victorieuse de l’armée française. Sur ce point, la tension entre le Roi et ses ministres naît dès le 14 mai17, s’aggrave le 19, le 20 et spécialement le 21 où l’exposé qu’ils firent au Roi peut, selon Léopold III, se résumer comme suit : « Vous avez une politique que vous nous cachez, et différente de celle que nous pouvons admettre. Elle consiste à diriger l’armée vers une position qui, la coupant des armées alliées, l’accule à la capitulation, ce qui, comme conséquence politique, conduirait à une paix séparée avec l’Allemagne »18. Il est bien clair que les ministres accusent à tort le Roi de souhaiter la capitulation (elle s’imposera à lui quelques jours plus tard, mais il ne la souhaite évidemment pas) et plus encore une paix séparée. Toutefois, comme on l’a vu, le Roi est déjà convaincu que la France est perdue. Restés à Bruges, alors que le reste du gouvernement a déjà fui vers Paris, les quatre ministres n’ont pas la même perception de la situation militaire. Lorsqu’à l’aube du 25 ils réveillent au château de Wynendaele un Roi fourbu qui vient à peine de se coucher, ils sont fraîchement reçus et c’est l’affrontement. À ce moment, aucun des protagonistes n’envisage que la Grande-Bretagne pourrait faire front toute seule, mais les circonstances, le hasard ou la destinée – qui sait – vont intervenir : après leur rupture avec le Roi, les quatre ministres demandent à leur ambassade à Londres l’envoi d’un bateau, dans le but ultime de rejoindre leurs collègues à Paris. Dabord prevu à Ostende, qui soudain ne sera plus accessible, c’est finalement de Dunkerque que les quatre ministres trouveront deux vedettes lance-torpilles envoyées par les Britanniques. Ils seront transbordés de l’autre côté du Channel et de Douvres arriveront à l’ambassade par le train et la gare de Victoria19.
C’est ainsi que le 25 mai, lors de son passage éclair à Londres chez l’ambassadeur et avant de s’envoler pour Poitiers, le ministre de la Défense est immédiatement informé par Cartier de l’opportunité de pouvoir compter sur van Strydonck, accepte de le faire appeler et le charge, comme il était bien le plus haut gradé présent en Grande-Bretagne, de regrouper sur l’île les Belges susceptibles de combattre, avec la promesse qu’il poursuivra, comme prévu à l’origine, son travail en France quand les circonstances le permettront. Comme le rapportent Rombaut et l’intéressé lui même, le général accepte ce challenge20. Ce n’est donc pas par pur hasard, ni vraiment « bien malgré lui »21 qu’il se retrouvera à la tête du cantonnement de Tenby, sa nouvelle mission se trouvant bien dans le prolongement de celle reçue à Aartrijke le 19 mai.
L’Histoire n’a sans doute pas assez rendu justice à Henri Denis et l’on a vite oublié que cédant aux instances de l’ambassadeur et face à l’opportunité de la présence du général, il avait autorisé ce qui allait être, finalement, l’acte d’ouverture de la création des forces belges en Grande-Bretagne et l’amorce d’un renouveau qui allait placer la Belgique dans le camp des vainqueurs. Dans le résumé – signé – de son journal de campagne transmis aux autorités à la fin de la guerre, le général attribue l’initiative au ministre : « Le lieutenant Général Denis me fait appeler et me dit qu’il organise un centre de regroupement des militaires belges arrivés en Grande Bretagne, que je suis la seule autorité belge présente à ce moment et qu’il me désigne pour prendre le commandement de ce centre »22. Cependant, on sait qu’aussitôt reparti pour la France, le ministre comme ses collègues accordait fort peu de poids à l’espoir anglais et qu’il voyait alors Tenby comme un outil pour réexpédier des troupes en France, vers laquelle van Strydonck, devant honorer sa promesse, ne renvoya qu’un seul et unique convoi de près de 500 hommes le 3 juin23. Comme le notent Gérard-Libois et Gotovitch24, le gouvernement belge, alors même que la capitulation française devenait prévisible, avait alors refusé tout transfert en Grande-Bretagne et une proposition précise d’y transférer l’aviation avait été immédiatement repoussée25. Les quelques aviateurs qui passèrent outre furent immédiatement considérés comme déserteurs et condamnés pour vol. Le général Denis s’en est donc allé rejoindre son cabinet, alors dans la région de Poitiers, pour essayer tant bien que mal d’organiser l’hébergement des troupes belges qui s’étaient repliées dans le sud : 53 000 hommes à gérer auxquels il fallait ajouter 80 000 CRAB, à savoir tous les jeunes gens évacués du pays afin de recevoir une instruction militaire. Comme le relate Vander Cruysen, l’organisateur qu’il est va souffrir de voir toute cette jeunesse déplacée dans un état d’abandon total et quand, après bien des errements, des ministres décideront enfin de gagner Londres, il restera avec les réfugiés sur le sol français et fort déprimé démissionnera de ses fonctions ministérielles. Il se retirera, quelque peu oublié, dans le sud de la France, puis en Suisse, en 194326.
Quant à Émile de Cartier de Marchienne, sa détermination et son engagement sont mieux connus, lui permettant de jouer un rôle de premier plan pendant et après les jours de mai 1940. Là où beaucoup hésitaient, également au sein du corps diplomatique, et considéraient le conflit comme définitivement gagné par les Allemands, il croyait fermement à la poursuite de la guerre par les Anglais et à leur victoire finale. C’est manifestement lui qui, informé du repli britannique sur l’île, a pu suggérer au ministre de passage d’y faire créer un CMBR et d’en confier le commandement à van Strydonck. Il est ainsi devenu une figure centrale pour tous les réfugiés belges, y compris les membres du gouvernement progressivement arrivés à Londres, après qu’il les ait constamment encouragés à le faire (et c’est là un euphémisme : sans relâche, il exigeait leur ralliement).
Van Strydonck passe à l’action
Sitôt autorisé à l’action par Denis, van Strydonck ne perdit pas une minute. Comme le relate son log book et le site de la « Brigade Piron », il obtient le jour même, dès le 25 mai, suite à un entretien entre le « War Office » britannique et le Capitaine-Commandant Breveté d’État-Major (BEM) Charles Cumont (adjoint de l’Attaché Militaire belge à Londres) de regrouper les militaires belges dans un camp. Cette activité est toujours étroitement coordonnée avec l’ambassadeur de Cartier. Un premier contingent fait route dès le 26 mai vers Haverfordwest, mais arrivés le 27, ils y trouvent les Hollandais qui les ont précédés. On gagne donc Tenby et c’est là, le 28 mai, le jour même de la capitulation belge, mais trois semaines avant le fameux appel du général de Gaulle, que van Strydonck peut enfin prendre la tête des opérations.
Au début, dans cette petite bourgade côtière perdue à l’extrême sud du Pays de Galles, ces Belges durent former, comme le notent ironiquement Gérard-Libois et Gotovitch,27 « un ensemble curieux : beaucoup d’officiers, réservistes pour la plupart, peu d’hommes de troupe, le tout entourant un lieutenant général d’âge respectable ». Cependant, l’accueil à Tenby était d’une utilité évidente. Comme le souligne Frank Decat, « les premiers Belges qui aboutirent en Grande-Bretagne devaient vraiment avoir l’impression de tomber comme un cheveu sur la soupe : personne ne les attendait. Heureusement il y avait le vieux général van Strydonck de Burkel qui les a accueillis à Tenby, une ville côtière du Pays de Galles, que des immigrants flamands auraient fondée au XIIe siècle »28.
Il fallait en effet partir de rien, en improvisant et faisant preuve d’initiative. Wenkin29 et le site d’information Wikiwand rapportent comment van Strydonck faisait littéralement le siège des autorités britanniques pour obtenir de meilleures conditions matérielles, s’attelait à maintenir le moral d’une troupe qui allait rapidement compter plusieurs centaines de soldats et à enrayer les inévitables insubordinations. Il organisait des exercices et notamment le défilé du 21 juillet. Il mobilisait le contingent belge dans les activités de la Home Guard, très développées en ces jours où l’on pensait imminente une invasion de l’île par les Allemands.30
Notons au passage que s’il n’y avait au début que peu d’hommes de troupe à Tenby et beaucoup trop d’officiers réservistes, c’est aussi parce qu’à cette époque, après le renvoi en France de 500 hommes début juin, on recasait le plus vite possible certaines forces vives disponibles dans les unités combattantes. C’était en particulier le cas des marins et des pilotes. Dans ses carnets, Jean Offenberg qui était déjà pilote confirmé (sur les biplans Fiat CR 42 de l’escadrille des « Cocottes ») raconte comment, dès son arrivée en Grande-Bretagne le 15 juillet 1940, on le dirigea sur Tenby où il trouva, dit-il, «une cinquantaine d’officiers de l’armée belge appartenant aux régiments les plus divers. Des lanciers, des guides, des carabiniers et d’autres, pour la plupart arrivés ici après s’être embarqués à Dunkerque »31. Un autre candidat pilote, Charles Demoulin, est encore plus critique envers ce groupe et en particulier envers un certain officier subalterne qu’il qualifie de « réserviste gueulard et soudard sur le déclin, qui m’engueule parce que je ne le salue pas »32. Offenberg et ses compagnons qui allaient s’illustrer brillamment lors de la bataille d’Angleterre33 ne devaient rester à Tenby que brièvement, avant d’être expédiés vers une base de la RAF dans les environs de Gloucester et de poursuivre leurs exploits « à cheval » sur d’autres destriers qui avaient pour nom « Hurricane » et « Spitfire ».
Cependant, les effectifs du CMBR gonflent rapidement. Une semaine après le passage d’Offenberg, le 21 juillet, ils comptent déjà 462 hommes. Dès le mois d’août, on assiste à la formation de l’unité combattante et de l’unité de pionniers, ainsi qu’à la création de la 1re Compagnie de Fusiliers (Cdt. Legrand) (20 août) qui s’installe à Llanelly et de la 2e Compagnie de Fusiliers (Lt. Smekens) (25 août) qui rejoint Penally. L’effectif du CMBR est alors de 692 hommes,34 et de 900 dès l’automne35. Ces unités seront entrainées au Royaume-Uni et au Canada. Des Belges issus de tous les coins du monde les rejoindront de sorte que l’on y parlera pas moins de trente-trois langues différentes36.
Les errances du gouvernement
Mais n’allons pas trop vite. Comme on le sait malheureusement, trois jours à peine après la décision de créer le camp de Tenby, l’armée belge ne peut faire autrement que capituler. On est le 28 mai (alors que les Britanniques, qui avaient été efficacement protégés par cinq jours de résistance belge sur la Lys37, sont déjà en pleine évacuation depuis Dunkerque, dans le cadre de l’ « opération Dynamo »). Privé du Roi, face aux Français qui cherchent désespérément un bouc émissaire à la déroute dont ils sont les premiers responsables, le gouvernement réfugié à Poitiers d’abord et à Bordeaux ensuite se perd dans des déclarations et des décisions malheureuses. Le 31 mai à Limoges, devant les parlementaires présents, le gouvernement s’aligne sur le discours mensonger de Paul Reynaud et dénonce « la capitulation dont Léopold III a pris l’initiative » (cela vaudra aux présents le surnom de « Limogeards »). Il est vrai que le 28 mai, sur les ondes françaises, Pierlot appelle à la création d’une armée en exil, mais il ne conçoit alors la chose qu’en France38. Le 16 juin, alors que Pétain vient de demander l’armistice (qu’il signera le 22 pour une entrée en vigueur le 25 juin seulement), le gouvernement débat sur son transfert en Angleterre, et les avis sont partagés. Le ministre De Vleeschauwer est chargé de la colonie et peut partir pour Lisbonne. Le ministre de la Santé publique Marcel-Henri Jaspar a profité d’un bateau pour voguer vers Londres, mais sans en aviser ni ses collègues, ni ses fonctionnaires bien qu’il fût chargé de s’occuper du sort des réfugiés. Pierlot annonce donc la révocation ministérielle de Jaspar puis, en témoigne le ministre d’État Henry Carton de Wiart qui accompagnait le gouvernement à Poitiers, il propose, appuyé par Gutt, de partir pour l’Angleterre où il entretiendrait « le feu sacré de notre indépendance »39, mais d’autres voix s’élèvent contre le départ de quelques-uns qui laisseraient tous les autres sous l’Occupation. Le discours de Pétain, note Carton, est sévère, mais à ce moment, il sonne juste : « L’esprit de jouissance l’a emporté sur celui du sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort, on rencontre le malheur. » Le 18 juin, le gouvernement calque finalement son attitude sur celle de Pétain. Le 27 juin, depuis Vichy où il s’est installé avec Pétain, ayant oublié ses velléités d’armée en exil, le Premier ministre Hubert Pierlot annonce publiquement que la lutte est définitivement terminée et que le rôle du gouvernement se borne désormais à assurer le retour des Belges dans leur pays. Le gouvernement se fait donc l’instrument involontaire de l’internement pour cinq ans du gros de l’armée belge dans les stalags et oflags allemands ! Il faudra encore attendre deux mois, alors que la bataille d’Angleterre est bien engagée, pour qu’en août Jaspar et de Vleeschauwer soient rejoints par Gutt et encore deux autres mois, en octobre, par Spaak et Pierlot.40
Durant tout ce temps, à Tenby, van Strydonck s’efforce d’occuper les troupes et de survivre aux événements. Jaspar a reçu des Anglais l’autorisation de lancer, le 23 juin sur la BBC, un vibrant appel à continuer la lutte, dans l’esprit des discours prononcés depuis plusieurs jours par le général de Gaulle. Aussi recevra-t-il le 4 juillet l’appui d’officiers de Tenby qui lui annoncent leur ralliement41.
Mais la situation évolue autrement: l’ambassadeur de Cartier de Marchienne et les Anglais se méfient quelque peu du ministre révoqué allié pour l’occasion au parlementaire socialiste Camille Huysmans. Ils préféreront courtiser le ministre des Colonies qui leur apporte dans la corbeille… le Congo. C’est donc l’équipe De Vleeschauwer – Gutt (ce dernier arrivé le 8 août) qui sera chargée de rallier finalement Pierlot et Spaak. Après moult hésitations, ces derniers quitteront leur abri de Vichy, feront un long détour par l’Espagne d’où on les extraira cachés dans le double fond d’une fourgonnette et ce n’est que le 31 octobre que les quatre ministres reconstituent enfin officiellement un gouvernement et se partagent les départements. On est à Tenby aux prises avec tant de problèmes matériels (uniformes, armement, logement, logistique, savon, etc.) que la question du gouvernement n’est sans doute pas au cœur des préoccupations. Il y a en revanche une volonté soutenue de ne pas baisser les bras et d’éviter toute démobilisation. Une unité de l’armée belge en Grande-Bretagne est déjà en voie de formation42. La mise en place, fin octobre, d’un gouvernement formé par ceux que nombre d’officiers royalistes de Tenby, récemment arrivés de France où ils avaient été témoins de l’attitude des ministres, considéraient comme des « Limogeards » devait être au début accueillie par eux avec beaucoup de méfiance et de ressentiment. Certains, comme le parlementaire Georges Truffaut, agiteront même l’épouvantail d’un « complot royaliste » fomenté à Tenby, mais c’était là tempête dans une tasse de thé que van Strydonck sut tempérer et sous l’impulsion de Gutt le gouvernement allait, tournant enfin le dos à cinq mois d’errance, rétablir quelque peu son crédit en manifestant la plus énergique volonté combative et en mobilisant dans tout le monde libre les Belges des classes 1935 à 1941.43
La création des Forces Belges Libres
Le gouvernement en exil allait alors approuver et finalement créer officiellement les « Forces Belges Libres » (Free Belgian Forces) dont van Strydonck, reconnu pour son calme, sa modération et parlant de surcroît aussi bien le néerlandais que le français, fut aussitôt confirmé comme commandant en chef.
Il présida la mise sur pied progressive de la 1re brigade belge d’infanterie qui allait s’illustrer lors de la libération, puis devint en 1941 inspecteur général des forces terrestres belges en Grande-Bretagne et finalement chef de la mission militaire belge auprès du général Eisenhower au SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) en 194444. Il fallait sur le terrain à l’armée renaissante un chef jeune et dynamique, que l’on trouva, après bien des tâtonnements, en la personne de Jean-Baptiste Piron, un major évadé arrivé début 1942. Piron, chef né, avait du caractère et du franc-parler. Il n’hésitait pas à bousculer la hiérarchie et les « officiers-fonctionnaires » d’Eaton Square. Il faut dire qu’il se retrouvait d‘emblée au cœur d’un microcosme agité de multiples conflits, égos, grognes, mouvements d’humeur, quasi-mutineries et susceptibilités. Ce fut une longue histoire que nous ne raconterons pas ici, si ce n’est pour souligner le fait que Piron et van Strydonck s’entendirent fort bien : la fougue de l’un, le bon sens, l’honnêteté et le calme de l’autre s’épaulèrent.45 Dans ses mémoires, Piron a un avis très tranché sur ceux qu’il côtoie et peut être cinglant avec ceux qu’il considère comme médiocres, mais dit-il « Nous avions à Londres un solide appui en la personne du général van Strydonck de Burkel. Il fut toujours pour moi un guide précieux. C’était pour nous une joie de l’accueillir lors de ses inspections et de profiter des conseils que son solide bon sens et sa grande expérience des choses militaires nous prodiguaient ».46
Conclusion
Qu’en conclure ? Que l’origine de la mission qui aboutira à la création des Forces Belges Libres ne doit rien au pur hasard. Elle se base sur la connaissance des causes de l’échec et sur la clairvoyance d’un petit nombre de ce que, la France étant déjà promise à la défaite, il pouvait y avoir en Grande-Bretagne un mince espoir de renaissance. L’idée est à mettre au crédit de l’ambassadeur de Cartier de Marchienne et sa réalisation à celui du général van Strydonck de Burkel, avec l’aval – même circonstanciel – du ministre de la Défense Denis. À ses tout débuts, dès le 25 mai 1940, la mission fut discrète, voire même confidentielle, car elle était en porte à faux avec toute la politique (ou l’absence de politique) du gouvernement qui mit finalement cinq mois avant de pouvoir l’endosser et ne plus considérer ses acteurs comme des déserteurs. Il règne dans bien des sources la plus grande confusion quant aux dates exactes et quant aux motivations de cette mission, parfois complètement ignorée47 ou très injustement minimisée. Nous avons ici tenté de rétablir la vérité. Cependant, il ne faudrait pas voir en van Strydonck une sorte de « de Gaulle belge », ce qu’il n’a jamais voulu être : contrairement à l’auteur de l’appel du 18 juin, chez qui le soldat se doublait d’un rebelle politique et d’un franc-tireur, van Strydonck a toujours voulu agir exclusivement en militaire, dans la légalité et sous le couvert du gouvernement. Cela n’enlève rien à son mérite, car la mise en place de l’organisation de Tenby et la création des forces belges en Grande-Bretagne doivent tout à l’esprit d’initiative de son chef, qui fut «a competent leader who worked closely with his government in exile »48.
Quant aux fameux chevaux, on les attend encore…
Patrice-Emmanuel Schmitz Lic. Dr.
Remerciements au baron Christian Houtart (famille) pour ses conseils et pour les documents fournis.
- « Strydonck » ou « Strijdonck » selon les auteurs. Les deux orthographes sont équivalentes. Nous écrivons ici « Strydonck » par référence à « l’État Présent de la Noblesse Belge », 1999, I, pp. 135-139.
- Luc DE VOS, (2001). « The Reconstruction of Belgian Military Forces in Britain, 1940-1945 ». In Martin CONWAY & José GOTOVITCH (Eds.). « Europe in exile : European exile communities in Britain 1940-45 » (1st ed.). New York, Éd. Berghahn. pp. 81-99. ISBN 1-57181-503-1.
Sous le paragraphe « Tenby : The beginning » Luc DE VOS écrit : « By 28 May, a number of Belgian Soldiers had already reached Britain. Lieutenant-General Victor van Strydonck de Burkel, who had been called back out of his retirement, had arrived on 15 may 1940, at the head of a commission, with a view to buying horses in the country ». Il semble que DE VOS, qui ne cite pas sa source, traduit là presque exactement les propos d’un premier livre d’un volontaire de la brigade Piron : Jacques WANTY (économiste) qui écrit : « Le noyau initial (de Tenby) était une petite commission d’achat de chevaux qui avait été envoyée dès le 15 mai en Angleterre » et « Rappelé de sa retraite pour diriger une commission d’achat de chevaux, domaine où il était expert, le général van Strijdonck de Burkel se trouvait placé par le destin à un poste auquel rien ne le préparait » dans « Combattre avec la brigade Piron » Éd. J.M. Collet 1985 pp. 50 et 51. Il semble que Wanty, jeune engagé volontaire qui n’était arrivé à Tenby que fin juin 1940, ait reproduit de bonne foi une légende que les anciens faisaient croire aux “bleus”. - Information encore reproduite en 2002 par le même Jacques WANTY « La naissance des forces belges en Grande-Bretagne Tenby 1940 », GEGES AB 2057 et ultérieurement par Hugues WENKIN, « Les moutons noirs de Piron (La brigade Piron de la Normandie au cœur du Reich) » – Éd. Weyrich 2017, p. 29.
- Henri BERNARD, « Van Strydonck de Burkel, Victor (1876-1961) ». Nouvelle Biographie Nationale. 1. Brussels 1988 – Académie royale de Belgique. pp. 359-61. https://www.academieroyale.be/Academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2103.pdf
Voir aussi le site d’information « Wikiwand » qui publie une notice bibliographique complète (en anglais) : https://www.wikiwand.com/en/Victor_van_Strydonck_de_Burkel (consultés mars 2020). - On rapporte d’autres charges de cavalerie en Europe centrale et orientale, notamment celles, sans succès celles-là, de lanciers polonais contre les chars allemands en 1939. Dans ses « Mémoires de guerre 1919-1941 » Éd. Texto, traduites, annotées et commentées par François KERSAUDY, Winston CHURCHILL mentionne (p. 298) l’héroïsme de « douze brigades de cavalerie polonaises qui chargèrent des masses de chars et véhicules blindés, mais leurs épées et leurs lances ne pouvaient leur faire grand mal ».
- État Présent de la Noblesse belge – annuaire de 1999 p. 138.
- Rappelons ici qu’une circonscription militaire fait partie de l’organisation qui permet de recruter des troupes. Ce n’est donc pas une unité combattante. Le commandement d’une circonscription est un poste que l’on donne souvent à des officiers de confiance, mais trop âgés pour exercer encore un commandement d’active. Dans la Belgique de 1939-40, la première circonscription couvre Bruxelles et ses environs.
- Pierre d’YDEWALLE, « Mémoires 1912-1940 » – Éd. Racine 1994 p. 301.
- Michel DUMOULIN, Mark VAN DEN WIJNGAERT & Vincent DUJARDIN, « Leopold III » – Éd. Complexe 2001 p. 128.
- La Luftwaffe allemande utilisait le fameux bombardier en piqué Junkers JU87 « Stuka » qui s’est révélé en 40 et tout au long de la guerre une arme essentielle, pour autant que la maîtrise du ciel lui soit acquise par une protection de chasse efficace. Sans cette protection, il était lent et assez vulnérable. Certains as allemands comme Hans Ulrich Rudel parvinrent à détruire plus de 1 000 chars russes avec le Stuka. Du côté des blindés, certains chars français étaient égaux, voire supérieurs au matériel allemand, mais les Français les avaient regroupés avec des modèles plus anciens, de sorte que la 4e DB dont hérita le colonel de Gaulle pour une contre-offensive du 15 mai 1940 était « une collection hétéroclite de bataillons de chars presque dépourvus de communication, d’infanterie d’accompagnement, d’artillerie (DCA) et sans appui aérien », note Antony BEEVOR dans son ouvrage « La Seconde Guerre mondiale » Calmann-Lévy 2012 p. 164-165.
- M. DUMOULIN & al., op. cit. p. 128.
- Hubert PIERLOT, « L’invasion » in « Note complémentaire publiée le 8 octobre 1947 par la Commission d’information instituée par SM le Roi Léopold III le 14 juillet 1946 », Luxembourg 1948 p. 60.
- Paul REYNAUD, « Au cœur de la mêlée 1930-1945 », Paris 1951 p. 450, confirmé par Winston CHURCHILL, « Mémoires de guerre 1919-1941 » – Texto 2013 – p. 412.
- M. DUMOULIN & al., op. cit. p. 138.
- Dans son livre déjà cité, p. 55, J. WANTY écrit au sujet du général : « Sa personne imposait le respect unanime et l’homme avait une présence indiscutable. Son comportement fut un facteur de cohésion et son attitude facilita grandement le franchissement d’une période exceptionnellement difficile. Je lui garde personnellement une sincère reconnaissance ».
- Tous ces événements sont relatés, heure par heure, dans le journal militaire du général, tel que cité et commenté par Hans ROMBOUT, « KAVB (Koninklijke Academiën van België) Nationaal Biografisch Woordenboek N° 22 » – Brussel 2016 – p. 1071-1072. Ce log book 1940-1944 du général van Strydonck, est en fait annoté durant ces journées de mai par son compagnon le Cap-Cdt GEHENOT et a été intégralement publié en 2020 par Charles-Albert HOUTART, éditeur (dépôt légal D/2020).
- J. GERARD-LIBOIS & José GOTOVITCH, « L’an 40 » – CRISP p. 99.
- Léopold III, « Pour l’Histoire », Éd. Racine 2001, p. 41.
- Roger KEYES, « Un règne brisé », Duculot 1986 p. 355 : « les quatre ministres partirent s’embarquer sur la vedette lance-torpilles mise à leur disposition pour les conduire en Angleterre ».
- Hans ROMBAUT, KAVB (Koninklijke Academiën van België) Nationaal Biografisch Woordenboek N° 22 – Brussel 2016 – p. 1073.
- Comme le reprend Hugues WENKIN, op. cit. p. 32.
- Van Strydonck de BURKEL, Extrait du journal de campagne de la mobilisation 1939 et de la guerre mondiale de 1940 à 1945 – Annexe aux renseignements autobiographiques – 25 mai 1940. (Centre de documentation MRA)
- Hugues WENKIN, op. cit. p. 32.
- J. GERARD-LIBOIS & José GOTOVITCH, « L’an 40 » – CRISP p. 247.
- Déclaration du général Legros, Secr. Roi, Addenda p. 108 – cité par GERARD-LIBOIS & GOTOVITCH, op. cit. p. 247.
- Yves VANDER CRUYSEN, « Fabuleux destins de Brabançons wallons : Ministre de la Défense, le général Denis » – Vers l’Avenir 30-12-2019.
- J. GERARD-LIBOIS & J. GOTOVITCH, « L’an 40 », op. cit. p. 247.
- Frank DECAT, « De Belgen in Engeland 40/45: de Belgische strijdkrachten in Groot-Brittannië tijdens WOII ». Tielt : Lannoo. – L’auteur écrit : « Voor de eerste Belgen die in Groot-Brittannië aanbelandden, kwam al snel de ontnuchtering. Behalve de vrijheid wachtte hun hoegenaamd niets. Gelukkig was er de oude generaal Van Strijdonck de Burkel, die hun een onderkomen bezorgde in Tenby, een kuststadje in Wales, dat in de twaalfde eeuw door Vlaamse immigranten zou zijn gesticht. »
- Hugues WENKIN, op. cit. p. 29 à 35.
- Le site Wikiwand, rapporte « Van Strydonck lobbied the British to improve the conditions and, to keep the soldiers busy, organized a major parade on Belgian National Day (21 July). He succeeded in affiliating the Belgian contingent with the local Home Guard which improved morale. » (Consulté mars 2020).
- Victor HOUART, (Cdt) « Les Carnets d’Offenberg » – Éd. La pensée moderne Paris 1956, p. 48.
- Charles DEMOULIN, Mes Oiseaux de Feux, Julliard – Paris 1982 p. 33.
- Mentionnons les autres pilotes belges qui participèrent à la bataille d’Angleterre dans les escadrilles de chasse britanniques : Alexis Jottard, Roger de Cannart d’Hamale, Jacques Philippart, Maurice Buchin, Giovanni Dieu, H. Gonnay, van den Hove d’Ertsenryck, D. le Roy du Vivier, R. de Hemricourt de Grunne, G. D’Outrepont, Vicky Ortmans, Roger Malengrau, F. de Spirlet, Baudouin de Hemptinne. Ils furent ensuite rejoints par beaucoup d’autres (près de 600 pilotes, navigateurs ou mitrailleurs).
- Georgette HOUBION & Jean-Louis MARICHAL, « Histoire de la brigade Piron, – La création de la brigade Piron en Grande-Bretagne ». (Site de la brigade Piron consulté en mars 2020).
- Wikiwand, op. cit., citant Wullus-Rudiger, J.A. (1945). La Belgique et la Crise Européenne, 1914-1945. II : 1940-1945. Éd. Berger-Levrault. pp. 47-48.
- D-Day Overlord, Encyclopédie du débarquement et de la bataille de Normandie (site consulté mars 2020).
- Robert CLOSE (général) « Léopold III, Les “non-dits” », Éd. Ligne claire 2001, p. 19.
- Cité par Wikiwand (Creation of the free Belgian forces) avec l’erreur, citant Martin CONWAY et José GOTOVITCH, de paraître lier la création du CMBR de Tenby à la déclaration du 28 mai d’Hubert PIERLOT, et d’en situer le moment après la capitulation française effective le 25 juin (« after the French surrender when the Belgian Military Camp for Regrouping was created in Tenby – Wales in order to reform a military force from Belgian soldiers rescued from Dunkirk during Operation Dynamo, refugees, and expatriates living in the United Kingdom ») alors que la décision d’ouvrir le camp a été prise dès le 25 mai, avant la capitulation belge, et sans que l’on puisse en attribuer l’initiative à Hubert PIERLOT. (Consulté mars 2020).
- Henry CARTON de WIART, « Souvenirs politiques – tome II 1918-1951 » La Renaissance du Livre – p. 273.
- Nous résumons ici les événements tels que les relatent GERARD-LIBOIS & GOTOVITCH – op. cit. p. 238-346.
- GERARD-LIBOIS & GOTOVITCH, « L’an 40 », op. cit. p. 251.
- GERARD-LIBOIS & GOTOVITCH, « L’an 40 », op. cit. p. 256.
- GERARD-LIBOIS & GOTOVITCH, « L’an 40 », op. cit. p. 260 et note 59.
- Wikiwand, op. cit.
- Hugues WENKIN, op. cit. p. 30 et 114.
- Jean-Baptiste PIRON « Souvenirs » s.l., 1969 p. 110.
- Notamment par SPAAK qui dans « Combats Inachevés » – Fayard 1969, chapitre 12 – n’en souffle pas un mot !
- John KEEGAN ed. (2001). « Who’s Who in World War II – Strydonck de Burkel, General Victor van » – Abingdon : Routledge. p. 151.